Journée d'étude : Matérialités de la lecture

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Une journée d’étude intitulée « Matérialités de la lecture » se tiendra le mercredi 15 mai 2024, de 9h30 à 17h, dans l’auditorium de la Bibliothèque Louis Aragon à Amiens (80).

Cette journée, coorganisée par Audrey Duru (Université de Picardie Jules Verne), Fanny Boutinet et Marine Roussilon (Université d’Artois), abordera l’histoire du livre et de l’imprimé.

La journée s’ouvrira par une conférence « Les deux corps du lecteur. Matérialité du texte et pratiques du lire » qui sera donnée par Roger Chartier, professeur honoraire au Collège de France.

« Les livres des premiers siècles de l’imprimerie nous sont souvent parvenus grâce à des gestes de préservation qui ont aussi contribué à effacer les traces de l’usage de ces livres. Les exemplaires souvent immaculés, conservés dans les fonds anciens des bibliothèques, ont été utilisés par des personnes qui se sont efforcées de ne pas laisser sur l’objet d’empreinte de leur corps et de leur manipulation, ou qui ont été contraintes à ce respect. Ces exemplaires « modèles » tendent à occulter le fait que les livres ont eu une existence matérielle souvent plus mouvementée, au point de causer la destruction de la majorité d’entre eux. Nous proposons de poursuivre une réflexion à partir des archives subsistantes qui témoignent de manières de lire ou d’user du livre lorsqu’elles s’emparent de la matérialité écrite. L’inventivité des lecteurs peut avoir produit un objet livresque dont la survie jusqu’à nous est aussi contingente que celle des livres « modèles ». Les documents issus de la lecture (tels que des recueils factices, des anthologies ou des mélanges) offrent un objet de réflexion théorique sur la distinction entre le lecteur et l’auteur. Disposons-nous d’un accès à des cas de lectures « ordinaires » ou bien ces livres issus de pratiques de lecture n’indiquent-ils pas déjà que les écrivains prolifèrent à l’époque du livre moderne ? Les travaux de Roger Chartier nous ont appris que les lectrices et les lecteurs effectifs pouvaient être bien différents du lecteur représenté dans l’oeuvre ou prescrit par le texte : nous proposons de continuer à interroger l’existence sociale du livre en tant qu’il a été et qu’il demeure un objet de relations. »